Les Pyrénées alpines sud-orientales (France, Espagne) – essai de synthèse
Date de la première parution : 2015
Résumé. La Zone axiale (ZA) des Pyrénées orientales présente une structure alpine complexe en partie obscurcie par la tectonique néogène, en particulier dans le Vallespir. On identifie dans le socle hercynien cinq chevauchements à vergence S en séquence, soit du N vers le S et du haut vers le bas, trois chevauchements majeurs (chevauchement des Aspres, connu de longue date, chevauchements du Canigou et du Vallespir, plus récemment mis en évidence) et deux mineurs (chevauchements des Albères et du Roc de France). Ces contacts définissent six unités structurales, une unité supérieure (Aspres), deux unités intermédiaires (Canigou, Vallespir) et trois unités inférieures (Albères, Roc de France, St-Laurent-de-Cerdans). Une structuration analogue est visible plus au Sud-Ouest, dans la région de Ribes de Freser. Le découpage losangique dessiné par les chevauchements E-W, NW-SE et NE-SW), dans la ZA orientale, est largement la conséquence d’héritages préalpins (failles normales finihercyniennes et crétacées inversées, zones mylonitiques tardihercyniennes à rejeu alpin). Ce dispositif est affecté par une flexure bordière relevant la ZA relativement à la Zone sud-pyrénéenne (ZSP), laquelle est formée de terrains de couverture alpine. Cette flexure a valeur de mégapli de rampe frontale lié à la mise en place de l’unité inférieure la plus profonde (St-Laurent-de-Cerdans). La ZSP est constituée par les unités du Cadí sur lesquelles flottent des allochtones (Pedraforca, Coustouges, Bac Grillera, Biure, Empordà). Les unités du Cadí (ZSP) et les unités de socle intermédiaires (ZA) forment la nappe du Canigou, unité majeure sous laquelle les unités de socle inférieures (ZA) sont visibles dans la fenêtre des Albères (et la petite fenêtre du Freser). Les allochtones sont déplacés depuis le N et leur patrie est à chercher sur le socle de la nappe du Canigou (ZA). Si les klippes de Coustouges, Bac Grillera inférieure et (?) Biure peuvent être enracinées dans le chevauchement des Aspres (ZA), les autres (en particulier la grande unité de la Pedraforca) ne peuvent pas être enracinées dans la ZA, faute de chevauchement alpin adéquat, verticalisé ou non. Il est donc nécessaire de les enraciner plus au Nord, au N de la Faille nord-pyrénéenne (FNP), sous la Zone nord-pyrénéenne (ZNP) donc. Il en est de même pour la vaste Unité sud-pyrénéenne centrale des Pyrénées centrales. On montre que cette conclusion, nouvelle et qui invalide largement le modèle structural « standard » (un méga-anticlinal de nappes) habituellement admis pour la ZA depuis 25 ans pour l’interprétation du profil ECORS-Pyrénées, est possible à deux conditions : (i) qu’il ait existé dans les Pyrénées centro-orientales une tectonique tangentielle majeure précoce (Éocène inférieur s.l.) à vergence S qui a transporté le rift crétacé et la partie européenne de la chaîne (la ZNP actuelle) sur sa marge Sud ibérique (ZA), comme cela se voit très bien dans les Pyrénées plus occidentales (Béarn, Aragon) ; (ii) que ce dispositif précoce ait été altéré par la formation et le soulèvement tardifs (Éocène supérieur s.l.) de la ZA par le jeu conjoint de la flexure bordière au Sud et de la FNP au Nord ; la ZA actuelle apparaît en fenêtre sous un complexe d’unités tectoniques supérieures (ZNP, allochtones méridionaux).
Rev. Géol. pyrén., 2015, 2, 1, 44 p.